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Analyse littéraire

La reverdie - Chançon do'lh mot son plan e prim

Le chant s’ouvre sur un motif traditionnel de reverdie. La nature printanière s’éveille abritant sous sa bruolha l’oiseau chantant et le poète chanteur. Plus que la voix c’est la création du chant qui est ici soulignée : « Obre e lim/Mots de valor/Ab art d’Amor ». Car le chant comme l’Amour est un art que le fin amant doit bien savoir œuvrer pour obtenir celui de sa haute dame. Mais être un orfèvre des mots ne permet pas à l’amant poète d’échapper aux paradoxes du fin amant qui oscille sans cesse entre la Joie la plus élevée et la douleur la plus profonde ; Sentiments intimement liés à la noblesse de la dame. Et si l’amant détient les mots plan e prim, les lausengiers craints, n’utilisent les leurs qu’à mauvais escient véhiculant la mauvaise parole, que le chant ainsi envoyé a le pouvoir de faire taire. Lien vers la cançon


L'automne - Quand chai la fuelha

Changement de décors : la reverdie traditionnelle printanière a laissé place à l’automne. Mais si le chant des oiseaux s’est tu, celui du poète continue de se faire entendre. Transcendé par le Joi et donc sa dame, l’amant-poète ne dépend plus de la saison et recrée à loisir sa propre reverdie pour se réchauffer et triompher de l’hiver. « Bona es vida » puisqu’il a l’amour de la meilleure des dames qui dépasse en tout point celui du couple mythologique Pâris et Hélène. Cette mention n’est en rien anodine, elle permet en effet de louer la beauté de la dame ainsi comparée à Hélène et d’ancrer l’amour du poète dans une relation triangulaire. Lien vers la cançon

Le faux amour - Lanquan son passat li giure

Nous retrouvons ici l’ouverture traditionnelle sur la reverdie : l’hiver est passé et la faune et la flore s’épanouissent pour le plaisir de tous les sens. Toutefois et malgré ce début printanier, le poète ne nous invite pas à l’amour et à son chant mais nous met en garde contre le Faux Amour. S’ensuit alors un développement sur le mensonge, la fausse parole et la tricherie aussi bien par le biais de la métaphore du dé plombé que des faux serments. L’apostrophe finale adressée non plus à la dame mais à « Bertran » (certainement Bertran de Born), marque le dépassement de ce faux amour. Ce dépassement se marque par son exotisme « lo Nil » et l’oxymore « solelhs plovil », le tout observé par les deux poètes. Lien vers la cançon

Amour - Lanquan vei fuelh'e flor e fruch

La faune et la flore s’éveillent dans une reverdie des plus riches et chatoyantes tant par les détails, l’énumération que par les allitérations. Et nous assistons aussi à un autre réveil, celui de l’amant qui veille la nuit, temps et lieu propices à l’amour. Amour qui est alors personnifié comme un guide et un compagnon qui lui a donné l’amour de la meilleure des dames à lui le meilleur des amants. Le secret rejoint alors celui de la nuit : le cœur et les yeux disent ce que la bouche doit taire. Seule la chanson signée et envoyée par le poète à « lieis » dans la tornada peut atteindre la dame sans craindre les lausengie. Lien vers la cançon

La faute, le salut et la "merci" - D'autra guis' e d'auta rason

Premier chant d’Arnaut Daniel qui ne s’ouvre pas sur une reverdie mais sur un vers qui annonce un changement de fond et de forme. Les 6 coblas et la tornada ont laissé place à 5 strophes qui développent, autour des champs lexicaux de la faute, du Salut et de la « merci », la défense de l’amant-poète coupable envers sa dame. Bien qu’il s’en défende, sa douleur donne bien naissance à un chant qu’il espère voir repris par ses « companhons » devant sa dame. Lien vers la cançon

L'amant-poète - Anc ieu non l'aic, mas ela m'a

Ce n’est certes pas anodin si ce chant est l’objet de la Razo consacrée à notre poète. Arnaut visiblement éconduit apostrophe Amour qui n’est plus le plaisant compagnon d’antan mais un guide dont il faut subir les leçons changeantes pour obtenir l’amour de sa dame. Mais peu importe la douleur, l’attente, la crainte et la timidité, l’amant-poète n’écoute pas les faux conseils et continue d’aimer bien ou plutôt Mielhs-de-Ben. Par ce senhal hyperbolique, Arnaut souligne la suprématie de la dame sur son être et son amour. La tornada adressée à la chanson semble également moins impérative et traduit l’incertitude du poète quant à la réciprocité de son amour. Lien vers la cançon

Froide saison - L'aura amara fa'ls bruelhs brancutz

Une contre-reverdie ouvre ce chant qui voit se clore les becs des oiseaux printaniers mais éclore le chant du poète qui utilise ses mots comme une arme pour lutter contre la froide saison des cœurs. De haut en bas et des pieds à la tête, le poète secondé de ses yeux guette et quête les mots et le corps de sa dame. En ces temps de froidure, l’amour et le chant ont besoin d’être nourris pour se renouveler et de chair pour s’incarner. Seule la dame peut éviter la mort du poète et de son chant par un baiser. La relation féodale qui unit la dame au poète est alors mise en abyme dans son évocation de la cour d’Aragon. La tornada, au contraire n’évoque plus des images littéraires mais des visions charnelles. Lien vers la cançon

Un chant de joie - Autet e bas entre'ls prims fuòlhs

La reverdie traditionnelle ouvre ce chant le gagne tout entier, de haut en bas. C’est donc bien un chant de joie et d’amour heureux de la première cobla à la tornada finale puisqu’il est partagé. Tout un vocabulaire emprunté à la religion est convoqué pour louer la dame et son amour dans un mélange pagano-chrétien troubadouresque. Ainsi ce sont Dieu (qui selon les règles de la fin’amor protège les amants) et les yeux du poète, qui sont les heureux responsables de cet amour et Jésus aurait bien été incapable de créer une telle perfection. La brûlure n’y est plus souffrance mais brasier d’amour. Qu’il est facile d’aimer quand la dame est si parfaite. Le silence et le secret sont alors de rigueur pour le conserver et une fois encore le chant peut seul en être le témoin. Lien vers la cançon


Artisanat, ouvrage et travail - En cest sonet coind'e léri

Le premier vers souligne une fois de plus la création du chant qui, sous le talent d’Arnaut, n’a plus besoin de la reverdie pour naître. L’artisanat, l’ouvrage et le travail se sont substitués à la nature dans le chant d’amour. La réciprocité d’amour n’en est pas moins vraie tout comme la beauté et le mérite de la dame. Et si nature il y a, elle est transfigurée par la poésie d’Arnaut. La pluie qui s’associe à l’automne et au froid devient chaleur dans ces vers. D’autant plus si l’on se remémore le vers « Tro lai on lo solelhs plovil ». Bien que la dame ne soit pas nommée, son corps est présent dans le chant ainsi teinté d’érotisme ; corps que son trop grand amour pourrait pourtant faire disparaître. A moins que ce ne soit le poète qui meure si la dame ne renouvelle pas son étreinte. Le fin amant Arnaut pris au cœur des paradoxes de l’amour meut les lois de la nature par un enchantement des mots. Lien vers la cançon

Reverdie comme figure de style - En brèu brisarà'l temps brau

L’hiver s’annonce au seuil de ce chant mais le poète guidé par Amour souhaite en écrire un pour vaincre les cœurs « agre ». Une hypothèse voudrait que derrière ces sonorités en –agre, se cache une dame d’Agremont. Mais ce qu’il ressort essentiellement de ce chant est le jeu de la création littéraire. La reverdie n’est alors plus une saison servant de décors à un chant mais une figure de style, pour différencier le Bon Amour du Faux. Le couple chanté est moins celui du poète et de sa dame que d’un couple littéraire, Atalante et Méléangre. Et c’est pourtant sur ce fond de création que le poète se dévoile : « Car orars ni jocs ni viula », pour reprendre dans la tornada une ébauche d’explication de texte en affichant son jeu volontaire sur les sonorités. Lien vers la cançon

Une rencontre - Doutz brais e crits

Si l’ouverture se fait sur une reverdie traditionnelle mettant l’accent sur la mise en abyme du chant d’amour et de celui des oiseaux, le ton de la chanson se fait plus romanesque que lyrique. L’amant-poète nous retranscrit au fil des coblas sa rencontre avec la dame. Des premiers regards aux serments échangés jusqu’à l’étreinte vivement désirée, le tout à l’abri des pièces successives du château. Le manteau bleu de la dame dissimule son corps mais se protège aussi des lausengiers qui gardent la chambre. Des faits, le poète passe aux fantasmes lorsqu’il évoque son désir de contempler le corps de la dame doublement dévoilé par sa nudité et la lumière de la lampe. La reverdie s’incarne alors dans la dame qui devient riche de promesses de beauté et de renouveau. La dame suzeraine du poète est à nouveau mise en abyme par le biais des serments qui s’achèvent sur un véritable couronnement.
Lien vers la cançon

La tornada - Er vei vermelhs, verds, blaus, blancs, gruòcs

C’est sur une explosion de couleurs, répétée par les différentes énumérations d’éléments naturels, que s’ouvre le chant. La reverdie invite à l’amour qui doit se chanter. Bien que la dame ait accepté son amour, le poète endure mille tourments pour un seul plaisir mais demeure constant dans son amour. Le temps si particulier des amants qui inversent le jour et la nuit, se tend et se tord selon le ressenti de l’amant. La tornada, pleine de fausse modestie, retranscrit les incertitudes de l’amant. Lien vers la cançon

Réflexion sur l'amour - Amors e jòis e luòcs e temps

L’heure, si elle n’est pas encore grave est bien au bilan ! Arnaut, reprenant sa célèbre tornada du lièvre et du bœuf, mais au passé, nous invite à une réflexion sur l’amour. A nouveau esseulé, le poète élabore une stratégie martiale et féodale pour redorer ses lettres amoureuses : à vaincre sans péril on triomphe sans gloire pourrait-on dire de manière anachronique. Sa Joie est brisée mais pas sa foi en sa dame et en Amour. S’il continue à vivre selon ces enseignements, le poète sera récompensé d’un amour réciproque. Entre mots d’orfèvre et d’alchimiste, le chant est sa seule arme d’amour. Lien vers la cançon

L'unique amant - Sols sui qui sai lo sobrafan que'm

Les tornadas précédentes nous ont appris que notre poète ne prônait pas une écriture humble. C’est ce qui semble se confirmer avec l’ouverture de ce chant où le poète s’autoproclame comme unique amant à tant aimer et donc à tant souffrir. Ce « Sols sui » fait alors écho à la meilleure des dames qui est aussi unique. Pourtant, le chiasme éloignement/bavard et proximité/muet contraste cet élan. Il s’agit alors moins de narcissisme que de dévotion totale à la dame qui mène à l’oubli de soi, tous les sens étant uniquement tournés vers elle, le poète risquant même de perdre jusqu’à son essence : sa parole. Lien vers la cançon

Amour créé ses propres règles - Ans que'l cim reston de branchas

Avant la fin de son temps, la reverdie, Amour désire qu’Arnaut fasse un chant qui servirait de doctrine aux bons amants. L’Amour est un enseignement, un art, un savoir qui permet de transcender les lois naturelles : Amour crée ses propres règles. L’amant bien enseigné devient un magicien capable de contrôler saisons et éléments. La voix d’Amour se fait donc entendre par le biais du chant de son meilleur élève. La plus belle tu choisiras, la constance tu adopteras, suis-la si elle te fuit et le froid ne te fera plus mal y résonnent comme autant de nouveaux commandements. Suivis de la voix du poète qui commence alors son propre chant en illustrant la leçon.
Lien vers la cançon

Aimer trop haut - Si'm fos Amors de jòi donar tan larga

Arnaut qui hier encore prêtait sa voix à celle d’Amour pour enseigner ses leçons l’apostrophe aujourd’hui d’un ton las. Le poète avoue aimer trop haut mais rien ne le fera renoncer à cet amour, ni l’attente, ni les richesses ou même la mort. La perte de sa dame entrainerait aussi celle du poète qui ne saurait aimer ailleurs. Et s’il demande à la dame d’être clémente avec lui c’est une véritable malédiction qu’il lance contre les médisants.
Lien vers la cançon

Troisième pièce - Pòis Raimon e'N rucs Malècs

Cette pièce obscène et scatologique est à considérer en tant que troisième pièce d’un ensemble. Pòis Raimon et Truc Malècs cités dans le premier vers sont en effet les auteurs respectifs des premières pièces. Dans celles-ci, ils condamnaient comme haute faute courtoise, le refus de Bernard Cornilh de corner sa dame au derrière. Arnaut au contraire, loue la réaction de ce pauvre Bernard en argumentant sous un sérieux apparent qui déborde de scatologie variée, allant de l’urine à la défécation et aux menstruations. Il conseille ainsi à ce dernier d’être « mieux outillé », puis détourne les codes de la fin’amor. S’adressant directement à lui, Arnaut adopte un ton épique et souligne qu’il a échappé à l’exil et à une malédiction sur plusieurs générations. Le rire devient total lorsque le poète propose comme solution ultime et définitive de reboucher ce corn.
Lien vers la cançon

Une unité érotique - Lo ferm voler qu'el còr m'intra

Bien que les six mots-rimes « intra, ongla, s’arma, verga, oncle » et « cambra », apparaissent comme étant indéniablement hétéroclites, Arnaut Daniel distille bien au fil des coblas une unité érotique croissante. « Lo ferm voler » du Jòi nécessitant le secret de la chambre ou du verger mène hélas aux gardiens de ces lieux et, par extension, au corps de la dame tant désiré. L’absence de ce corps et la douleur qui en découle devient alors l’aiguillon de ce chant. Le lieu de l’amour qui est la chambre se lie aux lois de la fin’amor pour nous ramener toujours à la beauté de la dame : elle, la plus belle, elle, la plus aimée, elle, qui devient monde et château. Lien vers la cançon

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